Des diplomates des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Suède, du Danemark et de l’Australie se sont déplacés à Dandong par solidarité avec le Canada.
L’homme d’affaires canadien de 45 ans, connu pour avoir développé des relations d’affaires en Corée du Nord, située à un jet de pierre du tribunal où il a comparu, est accusé d’avoir volé et transmis des secrets d’État.
Le verdict sera annoncé à une date ultérieure, a indiqué le tribunal sur son site web, mais l’issue de la procédure ne soulève guère de doute : 99 % des prévenus qui comparaissent en Chine sont reconnus coupables.
La comparution de Michael Spavor s’est déroulée derrière des portes closes. Ni le public ni les médias n’ont été admis dans la salle d’audience.
Contraint à faire le pied de grue devant le tribunal, le numéro deux de l’ambassade canadienne en Chine, Jim Nickel, dit avoir appris de l’avocat de l’homme d’affaires que la procédure a duré deux heures.
Il n’a donné aucun autre détail sur ce qui s’est déroulé à l’intérieur du tribunal, conformément à la Loi sur la protection des renseignements personnels.
La comparution de Michael Spavor a donné lieu à une ostensible démonstration de solidarité de la part de nombreux pays alliés du Canada.
Des diplomates de nombreux autres pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, le Danemark et l’Australie sont venus de Pékin pour l’occasion.
M. Spavor a été arrêté en décembre 2018 en même temps que l’ex-diplomate canadien Michael Kovrig, également accusé d’espionnage. M. Kovrig comparaîtra lundi, devant un tribunal de Pékin.
Le sort réservé à ceux qu’on appelle «les deux Michael»
est considéré par Ottawa comme une mesure de représailles à l’arrestation de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou.
La fille du fondateur du géant chinois des télécommunications a été arrêtée le 1er décembre 2018 à Vancouver, à la demande de Washington, qui l’accuse d’avoir contourné les sanctions américaines contre l’Iran.
La procédure d’extradition visant Meng Wanzhou est entrée dans sa dernière phase. Les dernières audiences avant une décision canadienne sont prévues en mai.
Pékin dément tout lien entre ces deux affaires.
Jim Nickel a une nouvelle fois dénoncé la détention arbitraire
de ceux qu’on appelle «les deux Michael»
et rappelé qu’Ottawa travaille de concert avec Washington pour obtenir leur libération.
«Nous avons bon espoir que, dans une certaine mesure, ce procès pourra mener à leur libération immédiate»
, a-t-il laissé tomber.
Le procès de M. Spavor s’est ouvert alors qu’une rencontre entre de hauts dirigeants chinois et américains a débuté en Alaska dans une atmosphère glaciale, pour la première prise de contact directe à ce niveau sous l’administration de Joe Biden.
Le Wall Street Journal avait rapporté début décembre que Huawei discutait d’un accord avec l’administration américaine qui permettrait à Meng Wanzhou de regagner la Chine.
Mme Wanzhou, la fille du fondateur de Huawei, avait été interpellée à l’aéroport de Vancouver le 1er décembre 2018 à la demande de la justice américaine, qui l’accuse d’avoir contourné des sanctions américaines contre l’Iran. Washington veut la juger pour fraude bancaire.
L’affaire a entraîné une dégradation sans précédent des relations entre Pékin et Ottawa.
La nature exacte des accusations contre les deux Canadiens n’est pas connue.
En mars 2019, l’agence de presse officielle Chine nouvelle avait rapporté que Michael Kovrig était soupçonné d’espionnage et de vol de secrets d’État et que Michael Spavor était l’une de ses principales sources d’information.
Michael Spavor, qui était établi dans le nord-est de la Chine, organisait des voyages vers la Corée du Nord, notamment pour la vedette américaine du basketball Dennis Rodman. Il a été reçu par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.
Jeudi, sortant de son silence, la famille de Michael Spavor a jugé «nécessaire de s’exprimer et d’exiger sa libération inconditionnelle»
.
«Son maintien injuste et continuel en détention qui le prive de sa liberté est à la fois inéquitable et déraisonnable, surtout compte tenu du manque de transparence de l’affaire»
, soulignent ses proches.
Richard Atwood, président par intérim du centre de réflexion Crisis Group, l’employeur de Michael Kovrig, 49 ans, a plaidé dans le même sens.
«Dès le moment où il a été détenu, la nature politique de l’affaire a été claire»
, a-t-il dénoncé.
Les conditions de détention des «deux Michael»
n’ont rien à voir avec la situation de Meng Wanzhou, placée en résidence surveillée dans une villa cossue de Vancouver, où elle peut se déplacer munie d’un bracelet électronique.
Par contraste, les deux Canadiens n’ont aucun accès à leurs avocats ou à leurs proches, et n’ont de contact qu’avec des représentants de leur ambassade, une fois par mois.
Ces contacts ont été interrompus l’an dernier pendant neuf mois au nom de la lutte contre l’épidémie de COVID-19.